Georges Teissier (1900 - 1972), Directeur du CNRS de 1946 ˆ 1950

 

Georges Teissier est avant tout un homme de science, et un homme qui vit pour la science. Sa carrire est intimement liŽe ˆ la station de biologie marine de Roscoff, o il entre en 1928 comme chef de travaux, tout en prŽparant sa thse. Il se consacre alors ˆ des recherches de biomŽtrie, joignant dans lĠŽtude statistique de la croissance des organismes vivants ses deux passions, la biologie et les mathŽmatiques. Peu ˆ peu, ce chemin le conduit ˆ se prŽoccuper des questions de gŽnŽtique Žvolutive, quĠil aborde ds ses premiers cours ˆ la Sorbonne, en 1945, en tant que professeur titulaire de la chaire de zoologie, avant de prendre la direction du laboratoire de gŽnŽtique Žvolutive du CNRS ˆ Gif-sur-Yvette.

 

Difficile toutefois de parler de Georges Teissier sans aborder aussi ses autres engagements. Engagement dans la RŽsistance ds les premiers jours de lĠOccupation, tout dĠabord. Il est en effet lĠun des fondateurs du Front national universitaire, puis il entre aux FTP. AppelŽ ˆ rejoindre la direction des FFI, il figure parmi les signataires de lĠordre dĠinsurrection nationale dĠaožt 1944. Engagement politique, Žgalement, au sein du parti communiste. Le savant tente dĠailleurs dĠopŽrer le pŽrilleux rapprochement entre ses opinions et ses travaux. En 1946, il donne une confŽrence ˆ la Sorbonne intitulŽe ÒMatŽrialisme dialectique et biologieÓ. Et il surprend son auditoire en annonant que ÒlorsquĠil fait de bonne science, un savant fait trs souvent de la dialectique matŽrialiste sans le savoirÓ. A la LibŽration, cĠest ˆ la fois le savant reconnu, le rŽsistant actif et le communiste engagŽ que FrŽdŽric Joliot-Curie choisit comme directeur adjoint du CNRS, avant de lui cŽder son fauteuil, en fŽvrier 1946, au moment de la crŽation du CEA. La situation du Centre nĠest alors pas Žvidente. Ses moyens sont limitŽs dans un contexte gŽnŽral de pŽnurie. Surtout, sa mission de coordination est critiquŽe au sein de lĠUniversitŽ, dĠune part – la nomination du professeur Teissier ˆ la tte du CNRS peut en partie tre interprŽtŽe comme un moyen de rassurer ses pairs universitaires –, et par les autres organismes de recherche dĠautre part, y compris le tout nouveau CEA.

 

Denis Guthleben

AttachŽ scientifique

ComitŽ pour lĠhistoire du CNRS